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Décision du FOMC

La Réserve fédérale américaine (Fed) termine l’année 2025 en réduisant son taux, mais les divergences reflètent un clivage croissant

La Fed a choisi de ne pas surprendre les marchés lors de sa réunion de décembre et a procédé à une réduction largement attendue de 25 points de base. La valeur réelle de cette rencontre n’était pas la baisse du taux directeur en elle-même, mais le diagnostic fourni sur les conditions économiques sous-jacentes. Nous travaillons encore avec des données incomplètes, mais à notre avis l’emploi demeure faible, l’inflation continue de défier les attentes et les consommateurs sont de moins en moins sensibles aux rajustements des taux d’intérêt. Ce qui reste inconnu, mais revêt une importance cruciale, ce sont les politiques tarifaires en 2026.

Bien que les opinions divergentes lors de la réunion d’octobre reflétaient des perspectives nébuleuses dans un contexte de paralysie du gouvernement, la hausse des opinions divergentes lors de la réunion d’aujourd’hui témoigne d’un débat croissant au sein de la Fed : quel volet du mandat risque de s’éloigner davantage de sa cible? La hausse du taux de chômage, qui a touché 4,4 %, a suffi à faire pencher la balance en faveur de la frange conciliante de la Fed lors de cette réunion, mais à l’approche de 2026, nos préoccupations se tournent vers la conjoncture inflationniste. Toute la mesure de l’incidence des droits de douane sur l’inflation n’a pas encore été ressentie et la publication retardée des données gouvernementales (et, dans certains cas, une absence de données) continue de limiter la visibilité de la trajectoire de l’inflation. Mais aujourd’hui, M. Powell a articulé la décision autour des préoccupations liées à la main-d’œuvre :

« Alors, pourquoi agissons-nous aujourd’hui? Je dirais deux ou trois choses. Tout d’abord, le ralentissement graduel du marché de l’emploi s’est poursuivi. Le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage de juin à septembre. En moyenne, 40 000 nouveaux emplois ont été créés chaque mois depuis avril. Nous pensons que cette donnée est surévaluée de 60 000, et qu’il y a plutôt eu une diminution de 20 000 emplois par mois. De plus, pour souligner un autre point, les sondages auprès des ménages et des entreprises ont montré une baisse de l’offre et de la demande de travailleurs. On peut donc dire que le marché de l’emploi a continué de ralentir graduellement, peut-être un peu plus graduellement que nous le pensions. »

Le brouillard continue d’obstruer la visibilité de la Fed quant au contexte macroéconomique

La Fed continue de mener ses activités dans un contexte de visibilité limitée à la suite de la paralysie du gouvernement et du report de la publication des données. Le président de la Fed, M. Powell, l’a reconnu aujourd’hui, soulignant les difficultés liées à l’interprétation des données à venir :

 « Il y a des raisons très techniques à la façon dont les données sont recueillies pour certaines de ces mesures, tant en ce qui a trait à l’inflation qu’à la main-d’œuvre… les données peuvent donc être non seulement plus volatiles, mais aussi faussées. »

 Certes, la visibilité devrait continuer de s’améliorer avant la réunion de janvier. Nous obtiendrons plus de données sur l’inflation, la main-d’œuvre et le contexte économique dans son ensemble. Nous nous attendons à ce que les données sur la paie pour octobre et novembre suivent de près notre estimation du point d’équilibre de l’emploi (environ 40 000 par mois). Toutefois, nous n’obtiendrons pas le taux de chômage en octobre, ce qui limitera les renseignements sur le taux d’équilibre des gains d’emplois. L’inflation et les pressions tarifaires seront probablement plus difficiles à évaluer, car nous n’aurons pas les données d’octobre sur l’indice des prix à la consommation, et la publication des données sur l’indice des prix à la production a été retardée jusqu’en janvier. Fait important, M. Powell a continué d’insister sur le fait que l’opinion de la Fed à l’égard de l’inflation est plus modeste que la nôtre. Le résumé des projections économiques donne à penser que la Fed s’attend à ce que les pressions tarifaires soient modestes l’an prochain, comme en témoigne le changement à la baisse de ses prévisions à l’égard de l’inflation de base liée aux dépenses personnelles de consommation pour 2026.

« Il n’y a pas de voie sans risque pour les politiques, car nous devons composer avec cette tension entre nos objectifs en matière d’emploi et d’inflation. Un scénario de base raisonnable est que les effets des droits de douane sur l’inflation seront relativement de courte durée, ce qui entraînera effectivement une variation ponctuelle du niveau des prix. Notre obligation consiste à nous assurer qu’une hausse ponctuelle du niveau des prix ne devienne pas un problème d’inflation persistant, mais compte tenu de l’augmentation des risques de baisse pour l’emploi au cours des derniers mois, l’équilibre des risques a changé. »

En l’absence d’une accélération notable des pressions inflationnistes dans les données de décembre, nous nous attendons à ce que la Fed conserve une fenêtre ouverte pour procéder à une nouvelle réduction de 25 pb au début de l’an prochain. Toutefois, nous nous attendons à ce que la Fed dispose d’une fenêtre limitée, car le marché de l’emploi montre des signes continus de stabilisation. Néanmoins, nous continuons de croire que la réunion de janvier dépendra des données.

La Fed est entrée en territoire « neutre », alors que doit-elle faire.

La décision concernant le taux a peut-être été la partie la moins intéressante de la réunion d’aujourd’hui. Ce qui a été remarquable, ce sont les perspectives économiques stables de la Fed pour 2026 et un graphique à points qui donne à penser qu’il n’y aura qu’une seule autre réduction de 25 pb l’an prochain. Cela reflète une Fed qui a selon sa propre estimation atteint un niveau neutre au chapitre des taux d’intérêt.

« Après avoir réduit notre taux directeur de 75 points de base depuis septembre 2025 et de 175 points de base depuis septembre 2024, le taux des fonds fédéraux se situe maintenant dans une large fourchette de prévisions de sa valeur neutre et est bien positionné pour que l’on attende de voir comment l’économie évolue. »

Le tracé médian du graphique à points du résumé des projections économiques affiche toujours des baisses de 25 points de base en 2026. Dans l’état actuel des choses, il y a une fenêtre étroite pendant laquelle la croissance et l’emploi s’affaiblissent; l’inflation diminue d’une manière qui permet des réductions de taux. S’il y a un penchant pour les réductions (et il y en a clairement un), le moment est venu d’agir. Toutefois, nous pensons que cette fenêtre se fermera probablement d’ici le deuxième trimestre de l’an prochain, à mesure que l’inflation s’intensifiera et que le marché de l’emploi se stabilisera.

La politique monétaire aura une incidence limitée sur l’économie en 2026

La question est de savoir quel est l’objectif et quelle sera son efficacité. La baisse de taux d’aujourd’hui est bien moins importante pour l’économie américaine que beaucoup pourraient le croire. Dans les faits, une autre baisse de taux de 25 pb à court terme n’aura pas d’incidence sur les paiements hypothécaires et il est peu probable qu’elle permette de stimuler les dépenses des consommateurs de produits à bas prix, ces derniers étant déjà mis à rude épreuve à cet égard.

D’une part, les dépenses gouvernementales dans le cadre la One Big Beautiful Bill Act soutiendront les consommateurs et la main-d’œuvre l’an prochain. D’autre part, la politique monétaire n’aura que peu d’effet pour contrer les pressions tarifaires. Bien que la grande question à l’heure actuelle soit le moment d’une dernière réduction (potentielle), à notre avis, cela n’a pas d’importance pour plusieurs raisons.

Premièrement, les participants au marché et les prévisionnistes tiennent déjà compte d’au moins une autre réduction, ce qui a donc peu d’incidence sur les conditions financières.

Deuxièmement, il est discutable qu’un léger rajustement à la baisse du taux des fonds fédéraux stimule considérablement la demande. Nous ne nous attendons pas à ce que cela ait un effet. La baisse des taux d’intérêt pourrait aider les consommateurs à faible revenu criblés de dettes; toutefois, nous croyons qu’ils ont déjà atteint la limite de leur pouvoir d’achat. L’habitation demeure un obstacle important pour les jeunes consommateurs et un taux des fonds fédéraux légèrement plus bas aura peu d’effet pour atténuer les pressions sur les taux à long terme. Les personnes à revenu élevé – qui sont à l’origine de la majeure partie des dépenses de consommation aux États-Unis – sont beaucoup moins sensibles aux taux d’intérêt. En fait, nous sommes d’avis que la politique budgétaire (sous la forme de rajustements des tranches d’imposition et du relèvement du plafond de déduction des impôts locaux et d’État) stimulera probablement davantage les dépenses de consommation que la baisse des taux d’intérêt en 2026.

En fin de compte, si une répercussion partielle des droits de douane se traduit par un resserrement des marges et, par conséquent, des mises à pied, la politique monétaire contribuera peu à remédier au choc des prix induit par les politiques.

M. Powell a déclaré à maintes reprises qu’il n’y avait pas de trajectoire sans risque. Toutefois, les risques deviendront plus asymétriques par rapport à l’inflation en 2026. Comme de plus en plus de décideurs du FOMC sont en désaccord, la prochaine décision de la Fed sera probablement une pause prolongée.


Mike Reid est économiste principal, États-Unis, à RBC. Il est chargé d’établir les perspectives économiques de RBC pour les États-Unis, de commenter les indicateurs macroéconomiques et de rédiger des analyses concernant le contexte économique.

Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.

Imri Haggin est économiste à RBC Marchés des Capitaux, où il se concentre sur la recherche thématique. Ses travaux antérieurs portaient sur la dynamique du crédit à la consommation et la modélisation des liquidités, et mettaient l’accent sur l’utilisation des données pour comprendre les comportements.


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