Points saillants :
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Le déficit budgétaire de 2025-2026 de 12 milliards de dollars (après les versements au Fonds des générations) est inférieur de 1,5 milliard de dollars par rapport aux prévisions du budget 2025, mais demeure plus d’une fois et demie plus élevé que les 7,6 milliards de dollars enregistrés en 2024-2025.
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L’obligation légale du Québec d’équilibrer le budget d’ici 2029-2030 dépend de la découverte de nouveaux revenus et d’économies cumulatives de 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
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La mise à jour budgétaire présente des mesures de 8,3 milliards de dollars sur cinq ans pour rendre le coût de la vie plus abordable et accroître la compétitivité des entreprises, y compris des réductions des primes des régimes de retraite et d’assurance, l’indexation fiscale et 401 millions de dollars pour soutenir les secteurs exposés aux droits de douane.
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Le ratio dette nette/produit intérieur brut (PIB) est toujours en voie d’atteindre un sommet de plus de 41 % en 2027-2028, malgré une modeste amélioration à court terme découlant en partie d’une hausse inattendue du PIB nominal en 2024.
La trajectoire budgétaire du Québec a peu changé par rapport au budget 2025, malgré une transition plus favorable que prévu de l’exercice 2024-2025. Les comptes publics de septembre ont fait état d’un déficit inférieur de 7,6 milliards de dollars (après les versements au Fonds des générations) pour le dernier exercice par rapport aux prévisions du budget 2025, principalement en raison de revenus fiscaux plus élevés que prévu.
Le gouvernement a également revu à la hausse ses données sur le PIB nominal pour 2025, ce qui représente une légère amélioration de 1,5 milliard de dollars du déficit pour 2025-2026. Une partie de cette baisse sera toutefois compensée par la réduction des revenus provenant des gains en capital, car le Québec suit le gouvernement fédéral et annule la hausse du taux d’inclusion des gains en capital.
L’amélioration à court terme du solde budgétaire de la province n’accélérera pas non plus le retour prévu à l’équilibre. Comme dans le budget 2025, la mise à jour économique de l’automne 2025 du Québec maintient le plan budgétaire quinquennal en déficit jusqu’à ce que le gouvernement soit légalement tenu d’équilibrer le budget en 2029-2030. Le solde budgétaire continue toutefois de dépendre de la découverte de 6 milliards de dollars d’épargne cumulative pour combler l’écart, ce qui accroît le risque de hausse du déficit à long terme.

La révision à la hausse de la croissance du PIB nominal soutient l’amélioration à court terme
La croissance du PIB nominal du Québec a été révisée à la hausse en 2025, passant de 3,4 % à 4,0 %, ce qui témoigne d’un rendement plus élevé que prévu en 2024 et d’une dynamique des salaires résiliente à ce jour.
Cela soutient les perspectives budgétaires à court terme, même si des risques considérables pèsent sur l’économie. Jusqu’à présent, l’incidence des droits de douane américains a été plus forte au Québec que dans la plupart des autres provinces, ce qui, s’ils sont maintenus, pourrait entraîner une hausse des dépenses gouvernementales ou des revenus inférieurs aux attentes.

Mesures ciblées pour rendre le coût de la vie plus abordable et accroître la compétitivité des entreprises
La mise à jour budgétaire présente des mesures de politique économique de 8,3 milliards de dollars sur cinq ans visant à atténuer la pression financière sur les ménages et les entreprises, tout en renforçant la résilience dans un contexte de difficultés commerciales.
Près de 5,9 milliards de dollars sont consacrés aux mesures visant à rendre le coût de la vie plus abordable. Ces mesures comprennent une réduction de 0,2 point de pourcentage des taux de cotisation au RRQ, répartie également entre les employeurs et les employés ainsi qu’une réduction de 13 % des primes du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) pour les deux groupes, ce qui représente un soutien de 1,8 milliard de dollars sur cinq ans. L’indexation du régime fiscal et des prestations d’aide sociale devrait représenter une aide de 4,1 milliards de dollars sur cinq ans, et 59 millions de dollars sont destinés aux populations vulnérables par l’élargissement des programmes d’aide aux sans-abri et d’aide sociale.
Un montant supplémentaire de 2,5 milliards de dollars sur cinq ans soutient la compétitivité des entreprises grâce à la réduction de leur fardeau fiscal et à l’amélioration des incitatifs aux investissements en capital. Le gouvernement prolongera les dispositions relatives à l’amortissement accéléré, permettant aux entreprises de combiner les avantages provinciaux aux mesures fédérales, et élargira l’admissibilité à l’amortissement accéléré aux nouveaux investissements dans les immeubles utilisés pour les activités de fabrication et de transformation (130 millions de dollars sur cinq ans). L’annulation de la hausse proposée du taux d’inclusion des gains en capital des sociétés réduira l’impôt des sociétés de près de 1,1 milliard de dollars jusqu’en 2029-2030. Les réductions des cotisations de l’employeur au RRQ et au RQAP devraient également faire baisser les coûts de masse salariale des entreprises (1,9 milliard de dollars sur cinq ans).
Les secteurs exposés aux droits de douane reçoivent 401 millions de dollars en soutien ciblé sur cinq ans, en particulier ceux de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche. Les mesures comprennent un congé temporaire des cotisations de l’employeur au Fonds des services de santé et des reports d’impôt prolongés pour certains secteurs touchés.
Légère amélioration du fardeau de la dette
Le rendement économique plus fort que prévu du Québec a amélioré sa situation budgétaire. Les mesures de la dette par rapport à la taille de l’économie semblent légèrement meilleures que prévu, ce qui offre un contexte plus favorable à la mise en œuvre du plan budgétaire.
Le fardeau de la dette se détériore toutefois à moyen terme. Le ratio dette nette/PIB s’établit à 38,3 % en 2024-2025, soit près de son plus bas niveau en deux décennies, mais il devrait augmenter pour atteindre un sommet de plus de 41 % en 2027-2028, avant de baisser à nouveau pour s’établir à 39,3 % en 2029-2030.
Le lourd fardeau de la dette du Québec laisse peu de marge de manœuvre pour gérer les risques de baisse en cette période d’incertitude économique accrue au Canada, et en particulier au Québec, qui est beaucoup plus affecté par les changements apportés à la politique commerciale des États-Unis.
Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.
Salim Zanzana est économiste à RBC. Il se concentre sur les questions macroéconomiques émergentes, allant des tendances du marché du travail aux changements dans la croissance structurelle à long terme du Canada et d’autres économies mondiales.
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