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Suivi de l’incidence des tarifs douaniers américains sur cinq secteurs canadiens ciblés

Comme les exemptions en vertu de l’ACEUM protègent la majeure partie des produits faisant partie des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis, la plupart des revenus américains tirés des tarifs douaniers sur les importations en provenance du Canada cette année proviennent de tarifs douaniers imposés aux automobiles, aux métaux et au bois d’œuvre résineux, produits énumérés à l’article 232.

Cela a créé une économie canadienne fragmentée où un sous-ensemble de secteurs fait face à un choc commercial important, tandis que la plupart des autres exportations continuent d’entrer en franchise de droits aux États-Unis. Même parmi les secteurs ciblés par les tarifs douaniers, les répercussions ont été inégales, en raison de la capacité variable des exportateurs canadiens et des importateurs américains à trouver d’autres partenaires commerciaux internationaux ou sources nationales.

Il est encore tôt, mais nous disposons maintenant de suffisamment de données pour commencer à évaluer l’incidence des tarifs sur les industries canadiennes par rapport aux principaux groupes de produits (codes à deux chiffres du système harmonisé), qui représentent plus de 80 % des tarifs américains appliqués sur les importations en provenance du Canada cette année.



Dans l’ensemble, nous observons une légère baisse de la production manufacturière et de l’emploi dans la plupart des secteurs fortement tarifés au Canada. Ces tendances ont également été beaucoup moins volatiles que les flux commerciaux internationaux, qui ont été fortement distordus lors de la mise en œuvre des tarifs (les importateurs américains ayant procédé au premier trimestre à des achats afin d’accroître les stocks avant l’imposition des tarifs).

Les prix de vente des fabricants canadiens ont généralement tenu le coup, les acheteurs étrangers payant la majeure partie des coûts initiaux liés aux tarifs, mais cela a entraîné une baisse des bénéfices des sociétés américaines cette année. Nous n’avons pas observé de hausse systématique des prix à la consommation aux États-Unis, mais nous nous attendons toujours à ce qu’ils augmentent davantage en 2026.

Voici une ventilation de la façon dont cinq industries canadiennes clés se sont comportées sur le plan de la production, de l’emploi et des prix de vente, dans un contexte de hausse des tarifs douaniers américains.



Des décennies d’échanges commerciaux sans restriction entre le Canada et les États-Unis dans le secteur de l’automobile ont créé des chaînes d’approvisionnement profondément intégrées qui sont difficiles à ajuster dans un court délai. Les tarifs douaniers ont fait augmenter les coûts et entraîné des perturbations de la production, mais pas autant que prévu auparavant.

La production canadienne de véhicules motorisés et de pièces automobiles à valeur ajoutée a reculé de 3 % depuis le début de l’année, mais elle s’est améliorée au cours des derniers mois, affichant en septembre une première hausse sur 12 mois (2 %) depuis la fin de 2023.

Le taux d’utilisation de la capacité des fabricants canadiens de matériel de transport a, dans l’ensemble, été supérieur à il y a un an en 2025.

Les tendances de l’emploi dans le secteur de la fabrication automobile reflètent la baisse de 3 % de la production, et aucun signe d’amélioration n’a été observé à l’automne. C’est dans le secteur de la fabrication de pièces automobiles que l’emploi a le plus diminué, tandis que l’emploi dans le secteur de l’assemblage de véhicules automobiles est demeuré légèrement supérieur aux niveaux d’il y a un an en août et en septembre.

Les prix des extrants des véhicules et des pièces automobiles dépassent de 1 % à 2 % ceux de 2024. Les prix des importations de véhicules et de pièces automobiles aux États-Unis sont demeurés pratiquement inchangés par rapport à il y a un an en date de septembre (-0,8 %), ce qui donne à penser que les prix au Canada n’ont presque pas été réduits afin que les importateurs américains absorbent également les coûts des tarifs douaniers.

Les entreprises américaines n’ont pas encore entièrement répercuté ces hausses de tarifs sur les consommateurs. Dans la première moitié de l’année, les constructeurs automobiles américains ont déclaré des pertes de bénéfices pour la première fois en trois ans. Les pertes ne sont pas attribuables à la baisse de la demande – les ventes d’automobiles et de camions légers aux États-Unis ont augmenté de 4 % en moyenne par rapport à 2024 –, mais à la hausse des coûts.

Le secteur canadien de l’aluminium a fait preuve de résilience, malgré l’imposition de tarifs douaniers punitifs de 25 % par les États-Unis en mars, qui ont été doublés en juin.

Les États-Unis ont une capacité de production d’aluminium limitée pour remplacer les importations canadiennes. Toutefois, la demande mondiale pour le métal a également maintenu les prix à des niveaux élevés, ce qui a permis de compenser l’effet d’une baisse de la production et d’éviter un repli important de l’emploi.



La production d’aluminium a légèrement diminué de 2 % cette année jusqu’en septembre et s’est stabilisée au troisième trimestre. En aval, le secteur de la fabrication d’aluminium a reculé de 14 % au cours de la même période.

Le nombre d’emplois dans le secteur de la fabrication d’aluminium s’est amélioré malgré la baisse de la production, et a grimpé de 5 % depuis le début de l’année par rapport à 2024.

Les prix des extrants de production des fabricants d’aluminium ont augmenté de 16 % en moyenne cette année jusqu’en octobre. Les prix à l’importation de l’aluminium et des articles aux États-Unis avant la mise en place des tarifs ont fléchi de 3 % en septembre par rapport à 2024, ce qui n’est pas suffisant pour compenser les tarifs de 50 % imposés aux importateurs américains.

Contrairement aux producteurs d’aluminium, les producteurs canadiens de fer et d’acier éprouvaient déjà des difficultés en raison de la baisse de la demande mondiale au cours des dernières années et ont connu une normalisation persistante des prix. L’Australie, le plus important exportateur de fer au monde, a expédié 24 % moins de fer en 2024 par rapport à son sommet de 2020.

Les tarifs douaniers américains ont amplifié les difficultés pour les producteurs canadiens de fer et d’acier, réduisant à la fois la production et l’emploi. Toutefois, la baisse des prix mondiaux de l’acier a également profité aux acheteurs canadiens d’acier.

L’extraction de concentré de fer a reculé de 3 % cette année jusqu’en septembre, comparativement à 2024, et a légèrement rebondi au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre, qui a été morose. La production des fonderies et des aciéries et la fabrication de ferro-alliages ont fondu de 5 % au cours de la même période.

Le recul des exportations d’acier signifie que l’offre est plus importante pour les acheteurs industriels canadiens à des coûts moindres. De janvier à septembre, la production de produits fabriqués à partir d’acier acheté a grimpé de 11 % sur 12 mois.

Les emplois dans les sous-secteurs de la fabrication liés au fer et à l’acier se sont légèrement contractés de 1 % depuis le début de l’année par rapport à 2024.

Les prix des ventes industrielles dans le secteur canadien de la fabrication de fer et d’acier ont fléchi de 2 % cette année.

Les prix des importations d’acier aux États-Unis (excluant les tarifs douaniers) ont reculé de 8 % en septembre par rapport à l’an dernier, ce qui est probablement en partie attribuable à une baisse de la demande mondiale plutôt qu’à l’absorption des coûts des tarifs. La majeure partie des tarifs douaniers américains de 50 % imposés sur les importations d’acier de la plupart des pays a été absorbée par les acheteurs américains.

Les tarifs douaniers ont considérablement augmenté les coûts des industries en aval aux États-Unis qui achètent des métaux comme intrants. Les bénéfices des fabricants de produits métalliques ouvrés aux États-Unis ont reculé de 30 % entre le quatrième trimestre de 2024 et le deuxième trimestre de 2025.

La fabrication de machinerie au Canada et les secteurs connexes ont été relativement résilients, malgré la hausse des tarifs douaniers américains. Le tarif effectif moyen sur la machinerie, l’équipement et les pièces en vertu de la classification HS84 était d’environ 4 % en août, ce qui est nettement inférieur aux taux tarifaires sur l’automobile, les pièces et les métaux.

Certains produits assujettis à des tarifs, notamment les turboréacteurs et certaines parties des installations de forage pétrolier, ne sont pas directement visés par les mesures prévues à l’article 232 des États-Unis1. Une partie de l’explication de l’incidence des tarifs sur ces produits pourrait être le fait qu’ils ne sont pas conformes aux exigences des règles d’origine de l’ACEUM. Cela signifie qu’il y a moins de contenu canadien à valeur ajoutée (la définition de la non-conformité à l’ACEUM est un contenu de production limité à l’Amérique du Nord), ce qui laisse entrevoir une diminution de la production et de l’empreinte des emplois, ainsi que des répercussions moins négatives des tarifs douaniers.

La fabrication de machinerie a augmenté de 3 % au cours des neuf premiers mois de 2025 par rapport à 2024. La fabrication d’ordinateurs et d’appareils électroniques a également progressé de 3 %, tandis que la production dans la fabrication d’équipement électrique a reculé de 2 %.

L’emploi dans la fabrication de machines, d’ordinateurs et d’équipement électrique a légèrement diminué, d’environ 1 % cette année jusqu’en septembre.

Les prix industriels de la machinerie et des secteurs manufacturiers connexes ont généralement grimpé cette année, en particulier ceux de l’équipement électrique, qui ont augmenté de 8 % en moyenne jusqu’en octobre. Les prix à l’importation aux États-Unis avant l’imposition des tarifs douaniers pour la machinerie, l’équipement électrique, etc., sont demeurés inchangés en septembre par rapport à il y a un an, et les exportateurs de ces produits n’ont pas réduit leurs prix en moyenne.

Dans la première moitié de 2025, les bénéfices des sociétés de fabricants de machinerie aux États-Unis ont reculé de 13 % et se sont contractés de 11 % pour les fabricants d’équipement électrique, d’électroménagers et de composants. Les bénéfices des fabricants d’ordinateurs et d’appareils électroniques ont grimpé de 8 % au cours de la même période.

Les nouveaux tarifs douaniers sur le bois d’œuvre des États-Unis imposés le 14 octobre s’ajoutent aux droits compensateurs et antidumping préexistants, de sorte que les taux combinés dépassent 40 % sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre résineux. En raison des contraintes géographiques, les exportateurs de bois d’œuvre ont peu d’options pour se diversifier sur des marchés non américains.

Contrairement aux tarifs douaniers en vertu de l’article 232, les droits compensateurs et antidumping ne figurent pas dans les données du Bureau du recensement des États-Unis que nous utilisons pour faire le suivi des revenus mensuels tirés des tarifs douaniers américains, en raison de la façon dont ils sont recueillis (au moyen de dépôts en espèces établis par les exportateurs auprès de la U.S. Customs and Border Protection).

Les droits compensateurs et antidumping ont augmenté cet été, mais ils datent de plusieurs décennies et sont issus d’un différend commercial récurrent et ont déjà entraîné un ralentissement persistant dans des secteurs connexes, comme la foresterie, l’exploitation forestière et la fabrication de bois.

Plus récemment, la faible demande découlant de l’essoufflement des activités de construction résidentielle aux États-Unis à la suite des importantes hausses du taux directeur de la Réserve fédérale américaine en 2022 et 2023 a également compliqué les choses.

La production de bois d’œuvre au Canada au début de l’année était déjà inférieure de 20 % à 2021 et a fléchi de 4 % de plus de janvier à août par rapport à il y a un an.

La fabrication de produits en bois en aval a progressé de 2 % de janvier à septembre par rapport à 2024, en raison principalement des activités plus vigoureuses à l’automne.

Par rapport à 2024, les emplois dans les secteurs de la foresterie et de l’exploitation forestière ont fondu de 4 % cette année jusqu’en septembre, prolongeant les pertes pluriannuelles. L’emploi dans le secteur de la fabrication de bois a reculé dans une mesure moindre, soit de 1 %.

Les prix des ventes industrielles au Canada pour le bois d’œuvre résineux et les produits du bois en aval ont avancé de 7 % et de 3 %, respectivement, jusqu’en octobre de cette année par rapport à 2024.

Les prix à l’importation des produits de bois d’œuvre aux États-Unis ne sont disponibles que depuis 2025, mais les prix à l’exportation des rondins, du bois à pâte et des autres produits forestiers au Canada ont lâché 4 % cette année, à la suite des baisses des années précédentes.


À propos des auteurs

Claire Fan est économiste principale à RBC. Elle se concentre sur les tendances macroéconomiques et est chargée d’établir des prévisions relatives au PIB, au marché du travail et à l’inflation pour le Canada et les États-Unis, en fonction des principaux indicateurs.

Annie Zheng est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’analyse macroéconomique et se spécialise dans la modélisation macroéconomique. 


  1. Les tarifs douaniers américains sur les pièces automobiles en vertu de l’article 232 comprennent un certain nombre de produits énumérés dans la classification HS84, mais ils excluent les biens commerciaux conformes à l’ACEUM. ↩︎

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