Par Nathan Janzen
En résumé
La hausse étonnamment importante de 2,6 % (en taux annualisé) du PIB canadien au troisième trimestre recèle des détails contrastés, car de nouveaux signes de stabilisation dans les secteurs fortement exposés au commerce et certains signes de ralentissement de la demande intérieure ont émergé. Néanmoins, les données étaient globalement conformes à la plupart des autres données récemment publiées au Canada, qui montrent que l’économie se porte mieux que ce qui était prévu plus tôt cette année, après que la dégringolade des exportations vers les États-Unis a fait fondre la production au deuxième trimestre et fait grimper le chômage.
Une grande partie de l’augmentation du PIB annoncée au troisième trimestre est attribuable à un rebond des échanges commerciaux nets qui a) est assujetti à des révisions potentielles plus importantes que d’habitude, les exportations canadiennes vers les États-Unis en septembre devant être estimées temporairement en raison de la paralysie du gouvernement américain et b) est attribuable à un fort repli des importations plutôt qu’à une reprise des exportations.
Le point faible le plus préoccupant des données sur le PIB du troisième trimestre a été la baisse de la demande intérieure. Les dépenses de consommation ont encore légèrement diminué après une hausse étonnamment importante au deuxième trimestre. Les dépenses d’investissement résidentiel ont grimpé pour un deuxième trimestre consécutif au troisième trimestre. De plus, notre propre suivi des transactions par carte de crédit continue de montrer, dans l’ensemble, une résilience soutenue des dépenses des ménages au quatrième trimestre.
Les investissements des entreprises demeurent un point faible important, mais une partie de la baisse de 4,5 % au troisième trimestre est probablement liée au repli des importations – l’importation d’importantes pièces de machinerie pétrolière et gazière qui a stimulé les investissements dans les structures d’ingénierie au deuxième trimestre n’a pas été répété au troisième trimestre.
Les premières estimations du PIB d’octobre ont été faibles, à -0,3 %, mais elles ont été exceptionnellement sujettes à des révisions. Par exemple, la hausse mensuelle actuelle de 0,5 % du PIB en juillet était initialement estimée à +0,1 %.
Les droits de douane américains ciblés continuent d’avoir une incidence sur des secteurs et des produits précis (véhicules, acier et aluminium, cuivre et bois d’œuvre, entre autres). Toutefois, la plupart des exportations canadiennes – 86 % selon les dernières données en août – ont continué de traverser la frontière américaine en franchise de droits. Les réductions du taux directeur de la Banque du Canada (BdC) ont relâché les pressions macroéconomiques après que les hausses visant à ralentir l’inflation post-pandémique ont plombé fortement la croissance du PIB par habitant en 2023 et 2024. Le déficit budgétaire du gouvernement renforce la croissance. Le ralentissement de la croissance de la population limitera de plus en plus la demande des consommateurs et l’offre de main-d’œuvre au cours de la prochaine année, mais nous nous attendons à ce que la croissance du PIB par habitant s’améliore et que le taux de chômage diminue largement l’an prochain – et, dans ce contexte, notre scénario de base est que nous ne nous attendons pas à d’autres réductions du taux directeur par la BdC.
Le détail
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Le taux de 2,6 % (annualisé) du PIB canadien au troisième trimestre a été nettement supérieur aux attentes du marché (+0,5 %) et a plus qu’effacé une baisse révisée de 1,8 % (auparavant 1,6 %) au deuxième trimestre.
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Les détails ont été contrastés : le gain du PIB a été entièrement attribuable à un ajout de 3,1 points de pourcentage à la croissance du commerce net, qui n’a tout de même reculé que partiellement, soit 8,9 points de pourcentage de recul au deuxième trimestre. La demande intérieure a fléchi, mais fait suite à une hausse étonnamment forte au deuxième trimestre.
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Cet ajout à la croissance des échanges nets sera plus susceptible d’être révisé que d’habitude – Statistique Canada a réitéré une fois de plus que les données des États-Unis nécessaires pour calculer les exportations canadiennes n’étaient pas disponibles en raison de la paralysie du gouvernement américain. Toutefois, comme nous l’avons annoncé, les exportations ont peu changé au troisième trimestre, après avoir plongé au deuxième trimestre à la suite de la hausse des droits de douane aux États-Unis et de la baisse de 8,6 % des importations. Selon nos calculs, environ la moitié du recul des importations est attribuable à l’importation ponctuelle d’importantes pièces de machinerie pétrolière et gazière au deuxième trimestre, qui n’a pas été répétée au troisième trimestre.
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La demande intérieure a fléchi, mais fait suite à une hausse étonnamment forte au deuxième trimestre.
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Les dépenses des ménages ont diminué, les achats des consommateurs ayant reculé de 0,4 % après avoir bondi de 4,2 % au deuxième trimestre (et notre propre suivi des transactions par carte laisse entrevoir une croissance généralisée des dépenses au quatrième trimestre). Toutefois, les investissements résidentiels ont augmenté de 6,7 %, en raison surtout du bond des reventes de maisons.
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Les investissements des entreprises sont demeurés modestes, reculant encore de 4,5 % au troisième trimestre – une partie de cette baisse trimestrielle est attribuable au fait que d’importantes importations de pièces de machinerie pétrolière et gazière ont eu lieu au deuxième trimestre, puis n’ont pas été répétées au troisième trimestre. Sur 12 mois, les investissements dans la machinerie et l’équipement ainsi que les structures non résidentielles sont demeurés inchangés.
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Les dépenses en immobilisations du gouvernement ont bondi en raison des achats plus importants de matériel de défense, mais les autres dépenses gouvernementales ont diminué.
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Les données mensuelles ont également été contrastées. Le PIB a progressé de 0,2 % en septembre (légèrement au-dessus des prévisions préliminaires de Statistique Canada il y a un mois) et après d’importantes révisions à la hausse par rapport aux mois précédents (les données d’août s’établissent maintenant à -0,1 % par rapport à -0,3 % précédemment, et celles de juillet affichent maintenant un bond de 0,5 % par rapport à 0,3 % précédemment).
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La production manufacturière a rebondi de 1,6 % en septembre et de 4,3 % au troisième trimestre dans l’ensemble, après avoir plongé de 11,1 % au deuxième trimestre.
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L’estimation initiale du PIB d’octobre a été très faible, à -0,3 %, mais elle est très susceptible d’être révisée – par exemple, l’estimation initiale de la hausse du PIB de juillet, qui s’établit maintenant à +0,5 %, était de +0,1 %.
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Les révisions de l’indice de référence par rapport aux données sur le PIB de l’année précédente ont été intégrées aux données trimestrielles sur le PIB aujourd’hui. Le niveau du PIB réel au deuxième trimestre est maintenant estimé à 1,8 % de plus que prévu auparavant, ce qui s’explique en grande partie par une révision à la hausse de 6,4 % des dépenses d’investissement des entreprises.

Nathan Janzen travaille à RBC depuis 2008, où il s’occupe principalement de la couverture des perspectives macroéconomiques du Canada et des États-Unis. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université McMaster et d’un baccalauréat en économie de l’Université de Regina.
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