Jusqu’à présent, les discussions sur les tarifs douaniers ont porté principalement sur l’incidence sur les exportations de biens du Canada, mais les services représentent une composante de plus en plus cruciale (et sous-estimée) du profil commercial du pays.
Les services représentent une part croissante des exportations totales et du produit intérieur brut du Canada. Ils sont devenus un moteur de la croissance des exportations au cours de la dernière décennie.
Au-delà d’une croissance impressionnante, les exportations de services profitent de plusieurs avantages structurels par rapport aux biens. Ils peuvent accéder plus facilement à divers marchés, faire face à moins de barrières géographiques et commerciales et faire preuve d’une plus grande résilience à l’égard de la volatilité économique.
Comme le commerce des biens continue de faire face à des mesures protectionnistes et à des difficultés liées aux tarifs douaniers, celui des services est une excellente occasion pour le Canada de poursuivre sa diversification économique.
La croissance des exportations de services a surpassé celle des biens
Les services représentent une plus petite part du commerce total que les biens, mais les exportations de services ont plus que doublé entre 2014 et 2024 pour s’établir à 232 G$, ce qui représente plus de 7 % du PIB canadien.
Cette croissance s’est traduite par une empreinte d’exportation plus importante, les services représentant 23 % des exportations totales au deuxième trimestre de 2025, comparativement à 17 % une décennie plus tôt.
En fait, les exportations de services représentent la majeure partie de la croissance réelle des exportations du Canada (62 %) depuis 2014. Les exportations réelles de services ont augmenté de 61 %, tandis que les exportations de biens ont essentiellement fait du surplace.
Les services commerciaux et de voyage stimulent la croissance des services
Par le passé, le Canada a enregistré un déficit dans le commerce des services, mais les solides gains des exportations de services commerciaux et de voyage ont fait en sorte que le pays a enregistré un excédent dans ce secteur au cours des dernières années.
Les services commerciaux représentent la plus grande part des exportations totales de services, à environ 60 %, pour atteindre 138 G$ en 2024. Cette situation s’explique en partie par l’augmentation rapide de la prestation de services numériques, qui s’est accélérée pendant la pandémie et a contribué à élargir l’accès aux marchés. La forte croissance des services informatiques, financiers et autres services professionnels a contribué à plus du double des exportations de services commerciaux au cours de la dernière décennie.
Par le passé, les services commerciaux ont été le principal moteur de croissance des services, mais les exportations de service de voyage (70 G$ en 2024) ont également connu une croissance phénoménale dans les années qui ont suivi la pandémie.
Cette situation est en grande partie attribuable à la forte hausse des arrivées internationales, en particulier les services de voyage liés à l’éducation provenant d’étudiants étrangers. Les dépenses des étudiants étrangers, notamment les frais de scolarité, la nourriture et l’hébergement, sont comptabilisées dans les exportations de services de voyage, car ces étudiants sont des non-résidents. Ils ont représenté plus de la moitié (36 G$) des exportations totales de services de voyage en 2024.
Les exportations de services de voyage devraient ralentir en raison des nouvelles cibles d’immigration du gouvernement fédéral, mais l’un des sous-produits des tensions commerciales actuelles avec les États-Unis est que les voyages canadiens à l’étranger ont diminué plus fortement (en partie en raison de la baisse des voyages aux États-Unis) que les visites de non-résidents au Canada. Cela contribue à stimuler la balance commerciale du Canada dans le secteur des voyages internationaux et devrait favoriser le tourisme local, car les Canadiens restent et dépensent plus près de chez eux.
Pourquoi les services sont bien positionnés pour une plus grande diversification des échanges commerciaux
Les exportations de services présentent plusieurs avantages structurels qui pourraient offrir au Canada une voie cruciale vers une plus grande diversification économique.
Les exportations de services sont moins exposées aux tarifs douaniers directs que les biens. Contrairement aux biens, qui sont soumis à des tarifs douaniers lorsqu’ils franchissent physiquement une frontière, la plupart des exportations de services sont intangibles et parfois difficiles à mesurer, ce qui rend l’application des tarifs beaucoup plus difficile et constitue un rempart naturel contre certaines mesures protectionnistes. Cela dit, certains services font face à d’autres obstacles réglementaires, comme des restrictions relatives aux permis ou des exigences de conformité, qui peuvent limiter leur exportation.
Les exportations de services démontrent généralement une plus grande résilience aux cycles économiques que les biens. Dans le passé, les exportations de services ont été moins volatiles que celles des biens. La pandémie a affaibli les exportations de services, mais elle est principalement attribuable à la baisse des exportations de services de voyage découlant des restrictions de voyage. En revanche, les services commerciaux sont demeurés résilients tout au long de la pandémie et ont poursuivi leur expansion grâce à la croissance des services numériques. Cette résilience témoigne également de la demande stable de services essentiels aux entreprises, comme les services financiers, les services professionnels, les services-conseils et les TI, même dans des conditions économiques difficiles.
Les exportations de services offrent un accès plus facile à des marchés diversifiés. De nombreux services font face à moins de contraintes géographiques que les biens, ce qui permet une plus grande diversification des marchés. Les exportations de services du Canada sont déjà plus diversifiées sur le plan géographique que les exportations de biens.
Les États-Unis demeurent le principal marché pour les biens et les services, mais leur part dans le total des exportations de services est en baisse, passant de 55 % il y a dix ans à 52 % aujourd’hui, ce qui est nettement inférieur à la part d’environ trois quarts des exportations de biens. En fait, depuis 2015, les exportations vers les marchés non américains ont augmenté plus que celles vers les États-Unis, progressant respectivement de 63 G$ et de 60 G$.
Certains services sont indirectement touchés par les tarifs douaniers sur les biens
Les exportations de services offrent plusieurs avantages structurels, mais la relation entre les biens et les services est plus nuancée qu’il n’y paraît.
Même si des tarifs douaniers n’ont pas été appliqués directement aux exportations de services, certains secteurs pourraient faire face à une exposition indirecte, car une part importante de l’activité des services canadiens est liée au commerce des biens (comme nous l’expliquons ici).
Cela peut comprendre des secteurs comme le transport et l’entreposage avec le mouvement des biens ainsi que des services connexes comme les finances, l’informatique et d’autres services professionnels intégrés ou vendus après la livraison d’un bien. En 2022, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, environ 35 % de la valeur ajoutée des exportations manufacturières canadiennes provenait des services.
Par conséquent, certains gains dans le commerce des services pourraient être en partie tributaires du maintien de relations commerciales stables dans le domaine des biens.
Salim Zanzana est économiste à RBC. Il se concentre sur les questions macroéconomiques émergentes, allant des tendances du marché du travail aux changements dans la croissance structurelle à long terme du Canada et d’autres économies mondiales.
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