La croissance démographique du Canada ne cesse de ralentir depuis l’abaissement des cibles fédérales relatives aux résidents permanents et non permanents. La croissance démographique du deuxième trimestre a été la plus faible enregistrée depuis la pandémie.
En juillet 2025, la population s’élevait à 41,7 millions d’habitants, soit une hausse de seulement 0,9 % sur 12 mois. Toutefois, cette croissance a principalement été observée en 2024.
L’immigration stimule la croissance démographique
Le ralentissement est principalement attribuable aux sorties nettes de résidents non permanents (RNP).
Même si les cibles de résidents permanents ont été abaissées, l’immigration demeure à un niveau historiquement élevé et contribue toujours à atténuer la décélération de la croissance démographique.
Le gouvernement constate un retard par rapport à la cible des résidents non permanents en 2026…
La proportion de RNP dans la population a chuté pour le troisième trimestre consécutif et s’établit à 7,3 %, mais ce pourcentage reste bien supérieur à la cible fédérale de 5 % fixée pour la fin de 2026.
Il faudrait que le Canada enregistre encore près d’un million de sorties nettes de RNP. À la fin de juin 2025, les sorties nettes de RNP représentent seulement 11 % du nombre qui serait nécessaire pour atteindre la cible d’ici la fin de 2026, alors que 25 % du délai de deux années est déjà écoulé.
Ce chiffre de 11 % a été calculé d’après les cibles d’entrées et de sorties définies par le gouvernement, mais tient compte d’un ajustement en raison d’un nombre de RNP plus élevé que prévu à la fin de 2024, soit le départ du plan. Les RNP représentaient 7,5 % de la population à la fin de 2024, au lieu des 7,1 % estimés lors de l’établissement du plan gouvernemental.
… mais nous supposons que le délai pour normaliser la population des RNP sera étendu à 2027
Établir des cibles démographiques pour les années à venir n’est pas une tâche aisée pour le gouvernement, puisqu’il n’exerce pas de contrôle direct sur les sorties de RNP et qu’il est difficile de prédire le comportement des titulaires de permis ainsi que la date de leur départ.
Il est clair que les sorties de RNP augmenteront de façon croissante compte tenu de l’expiration des permis existants, du resserrement des critères d’admissibilité et de la faiblesse du marché du travail – notamment des taux de chômage comparables à ceux d’une récession dans certaines villes, surtout dans le sud de l’Ontario où s’installe la très grande majorité des nouveaux arrivants – qui limite les occasions offertes aux résidents non permanents.
Dans nos hypothèses, nous supposons que la régularisation du nombre de RNP s’étalera jusqu’en 2027. Sur la base de ces constats, les chiffres du deuxième trimestre paraissent cohérents. Par conséquent, nos estimations de la croissance démographique demeurent inchangées à 0,9 % en 2025, à 0,1 % en 2026 et à 0,2 % en 2027.
Les sorties de RNP commencent à freiner la croissance démographique dans certaines provinces
Le brusque recul du nombre de RNP exerce des pressions croissantes sur les taux de croissance démographique des provinces, notamment l’Ontario et la Colombie-Britannique qui connaissent les plus forts ralentissements.
Ces deux provinces sont historiquement des terres d’accueil pour la plus grande part des RNP. Au deuxième trimestre, les RNP représentaient 8,6 % de la population de l’Ontario et 8,9 % de celle de la Colombie-Britannique.
Sur les deux derniers trimestres, les sorties nettes de RNP ont effectivement freiné la croissance démographique dans ces provinces : l’Ontario a affiché au deuxième trimestre une hausse de seulement 0,04 % et la Colombie-Britannique, une baisse de 0,15 % (sur 3 mois, annualisée et désaisonnalisée). La Colombie-Britannique a connu la plus grande baisse démographique non liée à la pandémie de son histoire.
Le ralentissement de la croissance démographique lié aux sorties de RNP sera probablement aggravé par la poursuite des tendances migratoires interprovinciales. Les migrations interprovinciales ont reculé par rapport aux sommets récemment observés, mais l’Ontario continue d’enregistrer des sorties nettes importantes de résidents, lesquels ont migré vers d’autres provinces, comme l’Alberta et les provinces de l’Atlantique, au deuxième trimestre.
Avec le ralentissement de la croissance démographique, le Canada renoue avec une tendance au vieillissement de sa population
Au cours des dernières années, les niveaux d’immigration exceptionnellement élevés au Canada ont retardé les effets du vieillissement de la population. Au Canada, l’âge médian a reculé entre 2022 et 2024, rompant avec la tendance observée depuis au moins 1971.
Compte tenu du changement prévu de sa politique d’immigration, le Canada ne sera désormais plus en mesure de contrer les effets du vieillissement de sa population. La plus grande (et la dernière) cohorte de baby-boomers arrivant bientôt à l’âge officiel de la retraite, le Canada subira pleinement les conséquences de ce vieillissement dans les prochaines années. Tel un signe annonciateur, en juillet, l’âge médian au Canada a augmenté sur 12 mois.
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À propos des auteurs
Cynthia Leach est économiste en chef adjointe à RBC et responsable de l’analyse économique et politique structurelle de l’équipe. Elle a rejoint l’équipe en 2020.
Salim Zanzana est économiste à RBC. Il se concentre sur les questions macroéconomiques émergentes, allant des tendances du marché du travail aux changements dans la croissance structurelle à long terme du Canada et des autres économies mondiales.
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