En faisant des recherches pour la rédaction de ses mémoires, Wayne Chambers est tombé sur un vieux sac d’école. Comme la rouille en avait condamné la fermeture, il a dû recourir aux ciseaux pour accéder au contenu. Qu’y a-t-il trouvé ? Des souvenirs de son premier emploi d’été loin de la maison.
À l’été de 1960, Wayne Chambers et d’autres jeunes de 17 ans ont travaillé comme gardes forestiers débutants à l’écloserie de Hills Lake, près de New Liskeard (Ontario).
Quarante-six ans plus tard, M. Chambers s’est donné pour mission de retrouver ses anciens camarades. Le hic : après ces deux mois passés ensemble, les garçons ne s’étaient plus jamais parlé ni revus.
Tout ce dont M. Chambers disposait étaient les noms des autres gardes et leurs numéros de téléphone de 1960. Un numéro de téléphone peut sembler un assez bon départ – fût-il vieux de 46 ans – seulement, le réseau téléphonique de l’époque utilisait des lignes partagées, avec des numéros comme 89R5 et TW4-2696, ce qui n’était pas d’une grande utilité.
M. Chambers a donc joué au détective.
En commençant par Internet. « J’ai cherché un des noms et, après trois appels j’avais trouvé le premier membre du groupe, dit-il. Pendant notre conversation, il a proposé des retrouvailles. »
« Pendant un mois et demi par la suite, je ne pensais qu’à retrouver les autres. J’ai écrit à des chambres de commerce et à des bibliothèques du pays tout entier, partout où je pensais pouvoir les retracer. Mes enfants n’arrivaient pas à croire que les gens me fournissent des informations, compte tenu de toute la réglementation régissant la confidentialité de nos jours. Mais ils le faisaient sans hésiter. Je suppose que ma démarche semblait bien fondée.
« Le dernier camarade que j’ai cherché avait un nom vraiment commun. Je me suis adressé au journal local de la région où il habitait jadis et on m’a offert de publier un article. Un bibliothécaire a même fait une annonce à l’église locale. »
Avec la chance de son côté, M. Chambers a finalement trouvé le dernier membre du groupe. « J’étais renversé d’avoir pu retrouver tout le monde après 46 ans. Et de les trouver tous vivants et bien portants. »
En juillet 2006, 8 des 12 anciens gardes forestiers se sont rendus à Hills Lake pour des retrouvailles. S’est joint à eux Paul Graf, le biologiste avec qui ils ont travaillé pendant l’été de 1960. « C’était formidable. Nous avions tous des souvenirs merveilleux de cet été-là. »
On doit à ce biologiste d’avoir sauvé de l’extinction l’omble de fontaine Aurora, une espèce de truite, ce dont M. Chambers est très fier. « J’ai travaillé avec Paul dans son laboratoire et dactylographié ses expériences, qui étaient envoyées au ministère des
Terres et des Forêts. C’est grâce à son travail à Hills Lake que ces truites existent toujours dans le Nord de l’Ontario aujourd’hui. »
M. Chambers a pris sa retraite comme directeur de succursale en 1994, après une carrière de 33 ans à RBC. Mais à vrai dire, faire carrière dans le secteur bancaire n’était pas exactement son premier choix. « Je voulais être garde forestier, combattre les incendies de forêt et sauver Bambi », avoue-t-il.
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Wayne et sa femme, Loreen |
Wayne assis sur son lit à l’écloserie de Hills Lake |
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