L'avantage de l'immigration

Gordon M. Nixon
Président et chef de la directio
RBC Groupe Financier
The Greater Halifax Partnership

Halifax (Nouvelle-écosse)
12 octobre 2005

Bonjour, et merci Stephen de cette aimable présentation.

J'aimerais féliciter le partenariat de l'agglomération urbaine de Halifax (The Greater Halifax Partnership) de la publication de sa nouvelle stratégie de l'immigration aujourd'hui.

J'en avais reçu une version préliminaire et la portée de votre vision ainsi que les tactiques que vous préconisez m'avaient impressionné. C'est exactement ce qu'il fallait.

Et aux sceptiques parmi nous, j'aimerais dire que toute similitude entre cette stratégie et mon propos s'explique par notre accord total sur la question.

Je sais que toute notre équipe présente ici, à Halifax, attend avec impatience de pouvoir faire de cette stratégie une réalité, en partenariat avec le GHP.

Pour un employé de RBC Groupe Financier — même venu de Montréal via Toronto —, une visite à Halifax représente un retour aux sources. Nous avons ouvert notre première succursale ici et aujourd'hui, nous sommes la plus grande institution financière du Canada et avons des activités dans plus de 30 pays aux quatre coins du monde.

Personnellement, j'ai aussi des racines familiales en Nouvelle-Écosse, puisque mon grand-père a grandi sur une ferme de Truro et que ma fille est inscrite en troisième année du programme de commerce à Dalhousie.

La Banque Royale est l'exemple d'une réussite purement canadienne. Notre performance nous classe parmi les meilleurs au monde. Je suis fier de dire que nous y sommes parvenus entièrement à partir d'une assise canadienne. Et nous mesurons à sa juste valeur l'appui et les affaires qui nous viennent des régions de l'Atlantique.

Donc me voilà aujourd'hui devant vous, représentant un des plus grands employeurs du Canada ainsi qu'une institution financière, préoccupé par l'avenir du Canada.

Non seulement le niveau de vie au Canada est-il à la traîne de celui des États-Unis, mais la croissance de notre PIB réel dérive par rapport à plusieurs autres pays et celle de notre productivité, qui se mesure également au PIB par personne employée, dérape aussi.

Certes, nous jouissons d'une base économique raisonnable, d'une situation financière solide et d'une grande qualité de vie. Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, car nous perdons du terrain, sur le plan économique, dans un monde où la concurrence se fait de plus en plus vive. Nous devons réfléchir à notre politique économique future si nous voulons tirer le maximum de notre potentiel.

La réalité, c'est qu'il n'est pas possible de pratiquer une politique sociale bien intentionnée sans un plan économique sain.

Ce n'est qu'avec une économie forte et concurrentielle à l'échelle internationale que nous pouvons avoir les bases nécessaires pour améliorer la qualité de vie des Canadiens et investir davantage dans la santé, l'éducation et les services sociaux.

À mon avis, il existe trois voies de croissance pour une économie comme celle du Canada.

  • La première est d'améliorer les compétences de notre population en investissant dans l'éducation, la formation et les technologies les plus avancées.
  • La deuxième est de poursuivre notre percée sur les marchés étrangers, en investissant dans les secteurs dans lesquels nous sommes en mesure de livrer concurrence et dans lesquels nous pouvons attirer des investissements.
  • La troisième est de stimuler la croissance économique par la promotion de l'innovation et de l'esprit d'entreprise.

Les nouveaux immigrants dans notre pays ont un rôle important à jouer dans tous ces trois domaines, et c'est pour cela que j'ai intitulé mon intervention d'aujourd'hui « L'avantage de l'immigration ».

Le Canada est à la croisée des chemins. Nous devons non seulement attirer de nouveaux immigrants, mais aussi améliorer l'accueil que nous leur réservons. Dans un monde de plus en plus concurrentiel et internationalisé, notre avenir en dépend.

J'ai récemment parlé, à Toronto, du rôle que jouent les immigrants comme employés. Ils constituent un maillon important de la chaîne de la prospérité.

Mais les immigrants jouent aussi un rôle crucial dans l'économie du Canada comme consommateurs, propriétaires d'entreprises et contribuables, tout comme ils le font par la richesse de leur apport culturel à nos collectivités.

Aujourd'hui, j'aimerais dire plus particulièrement pourquoi nous devons nous montrer accueillants envers les nouveaux venus sur nos lieux de travail, sur nos marchés et dans notre économie — dans l'intérêt bien compris de toute la chaîne de la prospérité du Canada.

L'immigration a de tout temps été cruciale pour le développement du Canada. Mais elle a rarement, dans toute notre histoire, été aussi importante. Nous ne pourrons pas tirer notre avantage concurrentiel de notre industrie des ressources naturelles, et celui-ci ne repose plus sur des actifs comme les usines, le matériel et les machines.

Il repose aujourd'hui sur le capital humain.

Or, le Canada est un petit pays. Notre taux de natalité vient de toucher un creux historique, et notre main-d'œuvre vieillit. Bref, si nous voulons réussir chez nous et à l'étranger, nous devrons faire venir des gens de talent pour prendre le relais. Nous manquons déjà de personnel compétent dans de nombreuses régions du pays et, au cours des prochaines années, nous devrons à l'immigration la totalité de la croissance nette de notre main-d'œuvre.

Mais c'est à l'échelle mondiale qu'on se disputera le talent. Dans des pays comme l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, les taux de natalité chutent aussi dramatiquement que les nôtres et leur main-d'œuvre vieillit au même rythme que la nôtre. Nous serons confrontés à eux pour attirer des talents, tout comme à la grande puissance d'attraction de la Chine et de l'Inde, qui investissent massivement dans les études supérieures, la technologie et l'innovation.

Pour chaque ingénieur qui sort d'une grande école américaine, la Chine en produit trois. Et beaucoup d'immigrants chinois retournent maintenant dans leur pays d'origine, parce qu'ils y voient un avenir plus prometteur qu'ici.

À Halifax, cette situation soulève un risque économique sérieux : votre main-d'œuvre diminue, votre base économique est plus petite et votre assiette fiscale rétrécit. Il n'y a pas de doute que cela aura un impact économique non négligeable sur le reste de la Nouvelle-Écosse et sur l'ensemble de la région de l'Atlantique — ce que mentionne bien la stratégie du GHP.

Le gouvernement canadien s'est donné pour objectif d'accueillir 300 000 nouveaux immigrants chaque année. Actuellement, on doit aux Néo-Canadiens environ 70 pour cent de la croissance de notre main-d'œuvre. Mais d'ici 2011, ils en représenteront la totalité.

Halifax à elle seule a adopté un objectif ambitieux : attirer 2 800 nouveaux venus par an, et, surtout, amener 70 pour cent d'entre eux à s'établir ici.

Nos chances de succès ne dépendent pas seulement de notre aptitude à attirer de nouveaux immigrants, mais aussi de l'environnement que nous pouvons leur offrir qui doit être propice à leur épanouissement. C'est là que le Canada peut avoir un avantage concurrentiel, mais nous devons faire plus pour attirer des personnes de talent et maximiser leur potentiel.

Historiquement, nous n'avons pas le meilleur bilan. D'après un rapport récent de Statistique Canada, nos immigrants de plus fraîche date possèdent des niveaux d'études plus élevés que les citoyens natifs du Canada. Pourtant, ils sont beaucoup plus nombreux à travailler dans des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés et gagnent moins que ceux qui sont nés au Canada. Et leurs taux de chômage sont plus élevés.

Mais j'espère que cela va changer.

« L'Initiative des travailleurs formés à l'étranger » du gouvernement fédéral marque un pas en avant pour notre pays. Toutefois, aucun palier de gouvernement ne peut assumer ce fardeau seul. Les gouvernements peuvent attirer des immigrants de talent au Canada, mais une fois qu'ils sont là, il incombe aux entreprises de prendre le relais.

Or nous ne l'avons pas fait.

Du moins d'après le Forum des politiques publiques.

Au moyen d'un sondage effectué auprès de plus de 2 000 employeurs canadiens en 2004, le Forum a relevé trois données inquiétantes :

  • premièrement, les employeurs ignorent les immigrants dans leur planification des ressources humaines ;
  • deuxièmement, ils n'embauchent pas les immigrants dans des postes que justifierait leur formation ;
  • troisièmement, les employeurs disent qu'ils se heurtent à des obstacles pour intégrer les immigrants récents dans leur main-d'œuvre.

Le Conference Board du Canada va encore plus loin en disant que les sociétés canadiennes sont myopes et n'anticipent pas le double revers qui les attend : le vieillissement de la main-d'œuvre du Canada d'une part et la pénurie prochaine de talents d'autre part. Il recommande fortement aux entreprises de maximiser les talents des minorités visibles et des immigrants.

Cette solution apportera des avantages inédits en amont et en aval de la chaîne de prospérité… pour nos entreprises, nos collectivités et notre pays — et elle aura aussi une incidence importante sur le plan humain.

J'aimerais vous raconter une petite anecdote : l'histoire de Binoj Daivasahayam.

Binoj a immigré au Canada en provenance de l'Inde en avril 2004 avec, en poche, un baccalauréat en commerce et un MBA. Il a 34 ans, parle trois langues et a 8 années de solide expérience dans les services financiers.

Il a aussi apporté avec lui l'esprit d'un entrepreneur — parce que sa destination finale, ce n'était pas Toronto, c'était Halifax.

Il faut du courage pour s'installer dans une région où votre communauté culturelle n'est pas bien établie. Binoj ne connaissait strictement personne parmi les quelque 100 familles indiennes de Halifax. Mais c'est pour cela qu'il a choisi de s'y établir. Comme il y a moins d'immigrants ici, il pensait avoir plus de chances de se bâtir un avenir.

Malheureusement, l'éducation et l'enthousiasme ne suffisent pas toujours.

En fait, si Binoj était arrivé au Canada ne serait-ce que cinq ans plus tôt, on aurait presque pu prédire la tournure que prendrait sa vie. Il serait maintenant probablement sous-employé, dans un poste sans rapport avec sa formation. Il aurait le sentiment de gaspiller son bagage universitaire et de ne pas contribuer à la société canadienne.

D'ailleurs, sa première entrevue d'emploi s'est déroulée dans une épicerie qui cherchait un caissier, emploi qui lui a échappé au profit d'un autre immigrant.

Le magasin a fini par l'embaucher, et alors qu'il passait sa journée à regarnir les rayons, il consacrait ses soirées à étudier en vue d'une licence de vente de fonds communs de placement.

Mais Binoj avait une autre carte dans sa manche : l'AMEI, l'Association Métropolitaine pour l'Établissement des Immigrants.

Une semaine après son arrivée à Halifax, il avait déjà pris contact avec l'AMEI. En fait, c'est cet organisme qui l'a aidé à dénicher le poste de commis d'épicerie comme moyen d'acquérir un peu d'expérience canadienne. Mais l'objectif de tous était de lui trouver un poste dans lequel il pourrait mettre à contribution sa formation professionnelle dans les services financiers.

L'AMEI a fini par mettre Binoj en rapport avec RBC. Nous avons immédiatement su que ce candidat était doté de beaucoup de potentiel, et nous l'avons embauché comme représentant des services financiers aux particuliers à notre succursale de Spring Garden Road en janvier.

Je suis heureux de dire que Binoj s'est joint à nous aujourd'hui. Je ne le mettrai pas sur la sellette plus longtemps, si ce n'est que pour vous dire qu'il est un formidable atout pour attirer de nouvelles affaires à RBC. Les clients, particulièrement les Néo-Canadiens, aiment faire affaire avec lui. Il consacre même deux heures chaque semaine au programme Nova Scotia Nominee, à aider à renseigner les nouveaux arrivés sur le fonctionnement du système bancaire au Canada.

J'ai tenu à vous citer son cas pour illustrer une situation gagnante pour tout le monde : pour Binoj, pour RBC et pour nos clients, pour Halifax et pour le Canada.

RBC tient en très haute estime la diversité. Je préside personnellement notre Conseil de direction sur la diversité, composé des cadres supérieurs de toutes nos branches d'activités. Pour vous donner une idée de l'importance de cet enjeu, c'est le seul comité, en dehors de mon comité de direction, auquel je siège.

Ce conseil établit la stratégie et les buts de RBC en ce qui concerne la diversité et l'équité en matière d'emploi, et surveille les progrès que nous faisons.

Actuellement, environ 23 pour cent de notre est sont composé de membres des minorités visibles. Mais ce nombre descend à environ dix pour cent dans notre équipe de haute direction et nous savons que nous devons faire mieux, donc nous prenons les mesures qui s'imposent.

L'un des plus grands obstacles à l'emploi d'immigrants qualifiés est celui de la reconnaissance des diplômes étrangers. Par son « Initiative des travailleurs formés à l'étranger », le gouvernement a tout un programme voué à ce sujet — mais les entreprises peuvent aussi faire leur part. Par exemple, nous avons retenu les services de spécialistes pour évaluer les équivalences canadiennes des diplômes étrangers, afin de nous assurer de ne pas omettre de bons candidats.

J'aimerais consacrer quelques minutes encore au thème de l'importance des immigrants comme clients et propriétaires d'entreprise potentiels, mais je ne ferai qu'une dernière remarque au sujet du maillon que constituent les employés dans la chaîne de la prospérité.

J'ai mentionné que j'ai prononcé un discours à Toronto il y a quelques mois, que, comme d'habitude, nous avons publié sur nos sites Web.

Pour être bien franc, je ne reçois pas souvent de commentaires de mes collègues quand je prononce une allocution.

Mes critiques diront peut-être que c'est à cause de ma présence sur scène et que personne ne veut porter l'odieux d'annoncer une mauvaise nouvelle au président … ou peut-être que c'est parce que des sujets comme la politique économique ou la réforme des services financiers sont soporifiques !

Quoi qu'il en soit, j'attendais peu de commentaires après mon discours sur l'immigration.

Mais il faut croire que le sujet a touché une corde sensible, et j'ai eu la bonne surprise de recevoir des remerciements de nombreux employés contents que j'aie parlé publiquement d'un sujet qui leur tient à cœur.

Voici un extrait d'un message qui m'est parvenu par courriel :

« Je comprends parfaitement le stress que subit un immigrant bardé de diplômes. Je suis arrivé au Canada en provenance d'Inde et je suis titulaire d'une maîtrise en commerce avec une spécialisation dans les affaires bancaires et financières de l'université de Bombay. La Banque Royale est la seule société qui ait accepté de m'accorder un entretien, et j'y travaille depuis 7 ans maintenant. Je suis fier d'appartenir à une institution qui apprécie la diversité. … C'est assurément une situation gagnante pour tout le monde. »

Tout à fait d'accord : bien accueillir les nouveaux venus dans le cadre professionnel est une situation gagnante pour tous, et nous devons tous tendre vers cet objectif.

Pour RBC, chaque nouveau Canadien que nous embauchons nous aide à enrichir notre capital de connaissances institutionnelles sur un des marchés culturels clés, ici et à l'étranger — et c'est précieux à l'ère de la mondialisation.

Les nouveaux arrivants au Canada deviennent aussi rapidement des consommateurs de biens et de services, et c'est là le deuxième maillon de la chaîne de la prospérité dont je parle.

Selon Jeffrey Gandz de la Richard Ivey School of Business à l'Université Western Ontario, les minorités visibles possèdent ensemble un pouvoir d'achat de 76 milliards de dollars au Canada. Certes, minorités visibles et immigrants ne constituent pas toujours le même groupe, mais cela vous donne une idée du potentiel.

Démographiquement, les entreprises ne peuvent tout simplement pas ignorer le débouché que représentent les immigrants comme consommateurs.

RBC compte environ 11 millions de clients au Canada. Actuellement, près de 15 % d'entre eux représentent un « marché culturel » — Néo-Canadiens et minorités visibles. Une grande partie de notre croissance future découlera aussi des marchés culturels. Alors, qu'est-ce que cela veut dire pour notre avenir ?

Imaginez que vous soyez un nouvel arrivant, qui recommence pratiquement à zéro.

  • Vous n'avez pas de pièce d'identité canadienne, vous n'avez pas d'antécédent de crédit au Canada et vous n'avez aucune expérience professionnelle ici : donc, vous ne pouvez pas obtenir de carte de crédit.
  • Sans dossier de crédit, vous avez du mal à obtenir un prêt ou une hypothèque…
  • Vous n'avez pas d'adresse canadienne permanente, donc vous ne pourrez probablement pas trouver un appartement sans payer d'avance et en comptant plusieurs mois de loyer…
  • Et par-dessus tout, vous devez, en même temps, apprendre comment fonctionne le système bancaire.

Donc, les sociétés de services financiers ont un rôle bien particulier à jouer pour faciliter les choses aux nouveaux arrivants.

RBC est souvent le premier choix des immigrants en raison de la puissance de notre marque. Mais nos politiques et nos méthodes ont eu tendance à mettre des obstacles sur leur chemin pour faire affaire avec nous.

Nous sommes déterminés à leur faciliter les choses : en fait, nous croyons que nous ne pouvons pas nous permettre de nous tromper.

C'est pourquoi nous avons récemment mis au point une stratégie globale pour les marchés culturels. Notre objectif est de mettre en place les bons produits, les bonnes personnes et la formation nécessaire pour pouvoir mieux servir des marchés diversifiés dans tout le pays. Par exemple :

  • Nous avons revu nos politiques de crédit et créé une carte VISA garantie pour que les nouveaux immigrants puissent se bâtir un dossier de crédit.
  • Nous avons simplifié notre processus des hypothèques pour assouplir les exigences de crédit pour les immigrants.
  • Nous fournirons des formules de demande faciles à comprendre et des informations en plusieurs langues.
  • Nous mettons même au point un système pour que les immigrants puissent ouvrir un compte bancaire avant d'arriver au Canada.

Nous lancerons aussi un site Web complet dédié aux nouveaux arrivants au Canada d'ici quelques semaines, qui portera sur les premières priorités des nouveaux venus : logement, emploi et éducation.

Ici même à Halifax, nous avons renforcé la formation pour que des membres clés de nos succursales sachent exactement ce qu'il faut à un immigrant pour ouvrir un compte. Nous voulons être sûrs qu'aucun dossier ne soit refusé parce que nous connaissons mal le processus ou les exigences.

Nous travaillons aussi en collaboration étroite avec Cornwallis Financial et le programme Nova Scotia Nominee pour donner aux nouveaux arrivants accès à toutes les informations dont ils ont besoin, en un langage simple, au sujet des services financiers au Canada. C'est là que Binoj fait du bénévolat chaque lundi.

Résultat : RBC est maintenant la banque de choix des immigrants à Halifax.

Je ne veux pas faire ici de publicité de RBC, mais je tiens à vous donner quelques exemples concrets pour vous montrer comment nous nous adaptons aux réalités d'un marché nouveau — et vous rappeler que les nouveaux Canadiens ont beaucoup de potentiel comme clients et comme consommateurs. Je ne saurais le souligner assez fortement : il n'en va pas seulement de la justice sociale, c'est aussi une question simplement commerciale.

Les nouveaux Canadiens apportent une mine de créativité et d'idées à notre pays, créent des emplois et stimulent la croissance économique par la création de petites entreprises. De plus en plus, le monde des affaires au Canada dépendra des talents et de l'énergie des immigrants.

Le Canada avance vers une ère sans parallèle de diversité qui transformera le visage de nos petites et moyennes entreprises. Dans un rapport économique publié l'an dernier, RBC disait que la prochaine génération d'entrepreneurs canadiens représentera à elle seule le changement le plus important de notre tissu industriel et commercial du siècle dernier.

Les propriétaires de petites entreprises d'aujourd'hui me ressemblent beaucoup : ce sont des hommes, blancs, âgés de 40 à 65 ans.

Mais les entrepreneurs de demain seront faits d'une autre étoffe.

Ils auront fait plus d'études et seront plus diversifiés : en fait, la plupart des petites et moyennes entreprises seront gérées par des femmes, des membres de minorités visibles et des Néo-Canadiens.

Ce nouveau paysage peut être difficile à appréhender pour les sociétés de services financiers. Si nous voulons que le Canada croisse et prospère, nous devons soutenir ce que Peter Newman appelle « le nouvel establishment canadien » : le secteur émergent de l'industrie et du commerce créé par ne nouveaux Canadiens.

J'aimerais vous remercier de m'avoir invité ici aujourd'hui et féliciter le Greater Halifax Partnership du leadership et de la perspicacité que vous avez manifestés dans votre stratégie de l'immigration.

Comme je l'ai dit en commençant, le Canada doit relever de nombreux défis économiques, et il reste beaucoup de questions politiques à résoudre. Nous livrons concurrence dans un monde en proie à de profondes mutations économiques. Les pays se disputent âprement le talent, le capital et les investissements.

Pour réussir dans ce monde nouveau, il faut que nos politiciens, nos chefs d'entreprise, nos leaders syndicaux et nos universitaires réfléchissent ensemble aux enjeux de politique et fassent en sorte que nos entreprises aient tous les avantages qu'il leur faut pour livrer concurrence.

Nous devons faire plus que simplement ouvrir la porte aux immigrants — nous devons faire du Canada la destination privilégiée des personnes de talent, qui ont des compétences, de l'énergie et la volonté de réussir.

Libérer la puissance de la diversité et miser sur l'immigration peut aider à forger la chaîne de la prospérité du Canada, et étant donné les atouts inhérents de notre pays en matière d'immigration, cela peut et devrait être notre meilleur avantage concurrentiel. Pour vous, qui dirigez des entreprises, cela représente une occasion que vous ne pouvez pas laisser passer.

Merci.