Les jeunes ménages canadiens se sont bâti un patrimoine plus rapidement que tout autre groupe d’âge depuis 2020, mais leurs gains de revenu brossent un tableau différent.
Les ménages âgés de moins de 35 ans ont presque doublé leur patrimoine net au cours des quatre dernières années, mais ils ont tout de même connu la plus faible croissance du revenu de tous les groupes d’âge.
Les gains de patrimoine sont en grande partie attribuables à l’augmentation des actifs financiers, y compris les dépôts en espèces, et à la croissance importante de la valeur de leurs propriétés.
Le soutien gouvernemental offert pendant la pandémie (comme la PCU) a procuré d’importants flux de trésorerie aux jeunes ménages, ce qui leur a permis de constituer des réserves financières. L’appréciation du marché boursier et les transferts de patrimoine générationnels ont probablement aussi contribué à ces gains. La durabilité de ces gains est toutefois menacée par la stagnation de la croissance des revenus des jeunes ménages.
La baisse du passif stimule le patrimoine net des jeunes ménages
Toutefois, la croissance de l’actif n’a pas été la seule source de richesse pour les ménages de moins de 35 ans. Les jeunes ménages ont également vu leur passif diminuer, principalement en raison de la baisse de la dette hypothécaire moyenne.
Ceux qui ont acheté ou refinancé un logement au cours de la période de taux d’intérêt extrêmement bas de 2020 et de 2021 ont profité des faibles coûts d’emprunt, ce qui a permis un remboursement plus rapide de la dette.
Mais ce n’est probablement pas toute l’histoire.
L’exposition aux prêts hypothécaires a également diminué pour les jeunes ménages, ce qui témoigne de la diminution des achats de logements. En reportant ou en renonçant à l’achat d’un logement en raison de contraintes d’abordabilité, certains jeunes ménages évitent les nouvelles dettes hypothécaires, tandis que ceux qui possèdent des biens immobiliers conservent les gains de prix enregistrés pendant la pandémie
Cette tendance est évidente en Ontario, où l’âge moyen des acheteurs d’une première maison est passé de 38 à 40 ans entre 2019 et 2024.
Élargissement de l’écart entre les revenus générationnels
La récente accumulation de richesse contraste fortement avec la croissance du revenu des ménages plus jeunes.
Les jeunes ménages ont connu la plus faible croissance du revenu disponible de tous les groupes d’âge depuis le premier trimestre de 2020, progressant de seulement 18 %, soit 16 points de pourcentage de moins que leurs homologues âgés de 45 à 55 ans et 8 points de pourcentage de moins que la moyenne nationale. Les moins de 35 ans sont donc le seul groupe où la croissance du revenu n’a pas suivi le rythme de l’inflation.
Les difficultés du marché de l’emploi freinent la croissance des revenus
La faible croissance de la rémunération de l’emploi, la principale source de revenu des ménages de moins de 35 ans, est le principal facteur de la faible croissance du revenu disponible.
Nous avons déjà discuté de l’incidence disproportionnée de la volatilité du marché du travail sur les jeunes travailleurs, en raison de leur concentration dans des secteurs vulnérables aux chocs économiques, comme le commerce de détail, l’hébergement et les services alimentaires. Les jeunes Canadiens ont également mis plus de temps à trouver du travail, ce qui a contribué à la faiblesse du marché du travail pour ce groupe d’âge.
Ces difficultés ont accentué la baisse du taux d’emploi des jeunes Canadiens. Le taux d’emploi des moins de 35 ans devrait diminuer de 3 points de pourcentage cette année par rapport à 2020, ce qui indique une baisse de la part des jeunes qui gagnent un revenu d’emploi au Canada.
Les gains engrangés par les jeunes ménages lors de la pandémie pourraient être à risque
Les jeunes ménages ont vu leur patrimoine s’accroître depuis 2020 malgré une stagnation des revenus, ce qui signifie que des facteurs externes, comme les transferts gouvernementaux liés à la pandémie, l’augmentation des actifs et, dans certains cas, un soutien de la famille, ont joué un rôle important dans l’accumulation de richesse.
L’écart entre le revenu et la richesse des jeunes Canadiens soulève d’importantes préoccupations au sujet de leur sécurité financière, en cette période où le marché de l’immobilier et les marchés boursiers se normalisent et le soutien des gouvernements s’estompe.
Cette question est importante, car le revenu a historiquement été la principale voie de constitution de patrimoine. De fait, le revenu représente les entrées d’argent, tandis que la constitution d’un patrimoine exige de convertir ce revenu en actifs; un processus qui peut être enrayé par une consommation accrue ou par une stagnation des gains en revenu.
Des signes précoces d’érosion démontrent déjà un ralentissement de l’accumulation de patrimoine au cours des derniers trimestres, principalement du côté des ménages dont les membres ont moins de 35 ans.
Cela dit, nos prévisions d’amélioration progressive des marchés de l’emploi laissent croire que cette érosion n’est pas irréversible. Nous surveillerons de près l’évolution des revenus des jeunes afin de voir si cette tendance à la baisse persiste.
Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Le lecteur est seul responsable de toute utilisation des renseignements contenus dans le présent document, et ni la Banque Royale du Canada (« RBC »), ni ses sociétés affiliées, ni leurs administrateurs, dirigeants, employés ou mandataires respectifs ne seront tenus responsables des dommages directs ou indirects découlant de l’utilisation du présent document par le lecteur. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses sociétés affiliées ne font pas la promotion, explicitement ou implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
Le présent document peut contenir des déclarations prospectives – au sens de certaines lois sur les valeurs mobilières – qui font l’objet de la mise en garde de RBC concernant les déclarations prospectives. Les paramètres, données et autres renseignements ESG (y compris ceux liés au climat) contenus sur ce site Web sont ou peuvent être fondés sur des hypothèses, des estimations et des jugements. Les mises en garde relatives aux renseignements présentés sur ce Site Web sont exposées dans les sections « Mise en garde concernant les déclarations prospectives » et « Avis important concernant le présent rapport » de notre Rapport climatique le plus récent, accessible sur notre site d’information à l’adresse https://www.rbc.com/notre-impact/rapport-citoyennete-dentreprise-rendement/index.html. Sauf si la loi l’exige, ni RBC ni ses sociétés affiliées ne s’engagent à mettre à jour quelque renseignement que ce soit présenté dans le présent document.