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Comprendre l’incidence que la diminution du nombre de résidents non permanents aura sur l’économie canadienne
  • La décision du gouvernement fédéral d’abaisser le nombre de nouveaux résidents non permanents aura probablement pour effet de freiner la croissance du produit intérieur brut à partir de 2025.

  • Cette décision ne devrait cependant pas influer outre mesure sur le PIB par habitant, le taux de chômage, les pressions inflationnistes générales et les attentes relatives aux taux d’intérêt.

  • La diminution du nombre de nouveaux résidents non permanents aura comme conséquence le vieillissement de la population canadienne, un déclin de la participation au marché du travail et le ralentissement de la croissance des recettes publiques.

  • En revanche, le changement de politique donne un répit au pays. Il permettra à l’offre de rattraper son retard dans des secteurs comme celui du logement, marqué par une détérioration considérable de l’abordabilité, alors que la construction nécessaire pour répondre à la demande grandissante prend beaucoup de temps.


La diminution du nombre de nouveaux résidents non permanents aura pour conséquence le vieillissement de la population canadienne, accentuant les répercussions de la vague actuelle de départs à la retraite des baby-boomers. Toutefois, le ralentissement de la croissance démographique pourrait atténuer les pressions sur les prix dans les secteurs de l’économie où l’offre n’a pas augmenté aussi rapidement que la demande, en particulier celui du logement.

Le gouvernement fédéral a annoncé qu’il prévoyait réduire sensiblement le nombre de nouveaux résidents non permanents au Canada, en fixant une cible annuelle semblable à celle mise en place pour les résidents permanents. Cette cible n’a pas encore été déterminée, mais le ministre fédéral de l’Immigration a annoncé que l’objectif initial visait à abaisser la part des résidents temporaires à 5 % de la population canadienne au cours des trois prochaines années, comparativement à environ 6,5 % au quatrième trimestre de l’an dernier.

Le ralentissement de la croissance démographique se répercutera sur la croissance de la capacité de production totale de l’économie. Cependant, les mesures qui comptent vraiment pour les ménages ou les travailleurs, à savoir le PIB ou revenu par habitant, le taux de chômage, les pressions inflationnistes générales et les taux d’intérêt, ne devraient guère s’écarter de ce qui était prévu auparavant.

Une réorientation marquée de la politique

Le gouvernement n’a pas encore dévoilé tous les détails de son plan, à part certains changements précis visant à limiter le nombre de permis délivrés aux étudiants étrangers et le nombre de personnes admises dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Les cibles finales pour les résidents non permanents seront annoncées à l’automne, après consultation des autres paliers de gouvernement; elles seront sans doute différentes de ce qui a été annoncé initialement.

La plupart des prévisions économiques (y compris les nôtres) indiquaient déjà une nette décélération des entrées de travailleurs non permanents au Canada cette année, en raison du fléchissement de la demande de main-d’œuvre et du plafonnement du nombre de permis d’études annoncé précédemment. Cependant, le changement d’approche du gouvernement fédéral implique une diminution du nombre de résidents non permanents d’environ 20 % sur trois ans, ce qui représente à peu près 500 000 personnes. Même en tenant compte de cette baisse, la part des résidents non permanents au sein de la population demeurerait élevée, alors qu’elle frôlait les 3 % avant la pandémie. Néanmoins, du fait du changement de politique, la croissance sera vraisemblablement plus lente que prévu auparavant, le temps de mettre en œuvre ce rajustement.

Croissance du PIB plus lente, mais peu de changement de la production par habitant

Comme nous avons déjà noté, lorsque la population augmente grâce à l’immigration, les retombées sont généralisées. L’immigration entraîne une hausse de la capacité de production de biens et de services (en augmentant l’offre de main-d’œuvre) et une hausse de la demande de ces produits, puisque chaque nouveau résident est aussi un consommateur. À l’inverse, un ralentissement de la croissance démographique engendre un recul de la demande et de l’offre de main-d’œuvre.

Les changements auront une incidence sur la production et les revenus gagnés à l’échelle de l’économie. Il faudra du temps pour que le nombre de résidents non permanents diminue, même après l’entrée en vigueur des nouvelles cibles. Cependant, notre hypothèse de départ veut que d’ici la fin de 2025, le ralentissement de la croissance démographique retranche environ 0,5 % à la croissance économique qui était prévue auparavant. Selon nos estimations, la production par personne, établie par ménage, a chuté pendant six trimestres consécutifs et ne devrait pas être touchée de façon notable. Le taux de chômage ne devrait guère changer non plus, puisque l’offre et la demande de main-d’œuvre ralentissent en même temps.

La croissance de la productivité (production par heure travaillée) pourrait être plus élevée qu’elle ne l’aurait été autrement, car le Canada a toujours eu un piètre bilan pour ce qui est d’utiliser pleinement les compétences des nouveaux arrivants.

Le déclin du nombre d’étrangers arrivant au pays accélérera le vieillissement de la population

L’immigration est depuis longtemps considérée comme un moyen d’atténuer les répercussions que la vague de départs à la retraite des membres de l’importante génération du baby-boom a sur le plan économique. Ces départs à la retraite réduisent les recettes fiscales des gouvernements, tandis que la demande de services comme les soins de santé et la sécurité sociale s’accélère, causant d’importants besoins de financement.

Ces défis démographiques à long terme ne disparaîtront pas comme par enchantement. La pénurie de main-d’œuvre est moins criante depuis que la hausse des taux d’intérêt freine les embauches, mais elle réapparaîtra après le cycle économique à court terme, à mesure que la part de la population qui arrive à l’âge de la retraite continuera d’augmenter.

La réduction de la part de résidents non permanents aura sans doute une incidence limitée sur la pyramide des âges de la population canadienne. Par contre, elle aura pour effet net un vieillissement de la population. L’immigration contribue à ralentir le vieillissement de la population parce que les nouveaux arrivants sont nettement plus jeunes que l’ensemble de la population. Environ 70 % des nouveaux résidents permanents ont moins de 35 ans, comparativement à environ 40 % de la population canadienne. Les nouveaux résidents temporaires sont encore plus jeunes, 80 % d’entre eux ayant moins de 35 ans. La hausse des arrivants est l’une des raisons pour lesquelles l’âge médian et l’âge moyen de la population ont diminué pour la première fois depuis des décennies l’an dernier.

Une population plus âgée a pour corollaire un déclin de la participation au marché du travail

Plus la population est jeune, grâce aux immigrants et aux résidents temporaires, plus la participation au marché du travail est grande et plus les recettes fiscales sont élevées, aidant les gouvernements à financer les programmes sociaux. Le ralentissement de l’immigration aura tendance à avoir l’effet inverse.

Le taux global de participation au marché du travail des résidents non permanents est plus élevé que celui de l’ensemble de la population (74,2 % contre 65,6 % en 2021); nos calculs indiquent que l’écart demeure important. Le taux de participation des résidents non permanents est encore plus élevé si l’on tient compte de la participation des étudiants étrangers une fois qu’ils obtiennent leur diplôme. Les étudiants étrangers sans permis de travail représentent 25 % des résidents non permanents. Ils constituent une main-d’œuvre potentielle pour l’avenir et ceux qui choisissent de s’établir au Canada ont tendance à mieux réussir sur le marché du travail.

Le ralentissement de la croissance démographique pourrait alléger la pression sur le logement, mais ne résoudra pas le problème de longue date de l’offre

Le ralentissement de la croissance démographique pourrait modérer la hausse des prix des propriétés et des loyers dans les années à venir. Cependant, il ne réglera probablement pas le problème de l’abordabilité au Canada.

La croissance démographique n’influe pas vraiment sur l’équilibre global entre l’offre et la demande, étant donné que la capacité de production et la demande ou consommation totale augmentent au même rythme. Par contre, la hausse de la demande ne se matérialise pas au même moment que l’augmentation de l’offre que l’économie réalise pour pouvoir y répondre et ce décalage peut avoir des répercussions importantes à court terme. Le marché du logement en est le parfait exemple : la croissance démographique entraîne une hausse immédiate de la demande de logements, tandis que les constructeurs peinent déjà depuis un certain temps à satisfaire les besoins. Résultat, on connaît une grave pénurie de logements et une hausse vertigineuse des loyers (ainsi qu’une flambée des coûts d’achat des propriétés, en raison de la hausse des taux d’intérêt).

Cependant, il a fallu plusieurs décennies pour arriver à la pénurie de logements actuelle, autrement dit, les conditions qui l’ont créée existaient bien avant la récente explosion démographique. En éliminant une partie de la demande de propriétés ou de logements locatifs à court terme, nous éliminons également un bassin de main-d’œuvre qui pourrait construire plus de logements. En fin de compte, il faudra lever les obstacles qui limitent l’offre à long terme pour être en mesure d’améliorer durablement l’abordabilité des logements.

À l’heure actuelle, la demande de logements dépasse encore l’offre. L’an dernier, il y a eu 242 000 mises en chantier alors que le pays a compté 1,2 million d’habitants supplémentaires (soit environ 360 000 nouveaux ménages). Globalement, l’immigration au Canada continuera probablement de croître plus rapidement que dans la plupart, voire la totalité, des économies avancées. Plafonner l’immigration pourrait contribuer à freiner la hausse des prix des propriétés en 2025 et au cours des années suivantes, mais à elle seule, cette mesure ne parviendra pas à faire baisser le prix des logements.


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